Dollar américain : le mythe du déclin d’une devise dominante

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Plusieurs médias ont récemment évoqué la « fin du dollar américain », notamment lorsque le président brésilien a évoqué l’idée d’une nouvelle devise « BRICS » pour concurrencer le billet vert. Si, à première vue, cette idée peut être perçue comme une menace crédible pour la domination du dollar américain, une analyse plus approfondie confirme que cette éventualité est peu probable. Examinons pourquoi.

La meilleure des devises

Malgré les critiques concernant les largesses fiscales et la mauvaise gestion des États-Unis dans le domaine des monnaies fiduciaires, la devise américaine demeure la meilleure de sa catégorie. Chaque année ou presque, la croissance de la masse monétaire est inférieure à celle des devises concurrentes, et les données sont beaucoup plus transparentes et crédibles. Le renminbi chinois est souvent cité comme une alternative émergente en raison de son rôle croissant dans l'économie mondiale, en particulier dans le commerce. Mais on oublie souvent le contrôle strict des capitaux en Chine, qui nuit à la libre circulation de l'argent, et le taux élevé de croissance de la masse monétaire (le M2 chinois augmente actuellement de 12 % en glissement annuel, renouant ainsi avec sa tendance historique).

La liquidité et l’effet du réseau

Même si les États-Unis ne représentent pas un marché transactionnel important, le dollar américain bénéficie d'une liquidité, d'une profondeur et d'une échelle considérables. Les marchés de capitaux basés sur le dollar américain sont plus vastes qu'il n'y paraît. Les marchés bien connus du Trésor américain, des obligations de sociétés et des actions américaines ne représentent qu'une part du gâteau. L'énorme marché des eurodollars (un nom trompeur pour les instruments financiers étrangers en dollars américains) joue un rôle central dans le financement des entreprises mondiales et est nettement plus important que le marché boursier américain. Les principales raisons d'utiliser des actifs libellés en dollars américains restent valables et, bien que des enjeux soient présents (compression des garanties et politique de la Fed), il est clair que les autres devises ne font pas mieux dans ces domaines.

La lente substitution du dollar américain, à mesure que les économies globales prennent plus d’ampleur, est un phénomène naturel et souhaitable. Lorsque l'euro a été introduit, les propos étaient similaires à ce que l’on entend aujourd’hui sur le renminbi chinois, jusqu'à ce que les canaux naturels de croissance arrivent à maturité. L'euro occupe une position similaire depuis près de vingt ans. L’univers des devises étrangères et des monnaies de réserve est profond et complexe, et il va bien au-delà du simple statut commercial de chaque pays. Si l'évolution de la domination actuelle du dollar américain sur plusieurs décennies est une notion intéressante, je ne crois pas qu'une révolution en faveur d’une alternative soit à l'ordre du jour.

Dan Rohinton

Vice-président, gestionnaire de portefeuilles, dividendes mondiaux

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